Bonjour à toutes et à tous,
Dis-moi Petit Prince, quel regard portes-tu sur notre Planète en ce Noël 2022 et à l’aube de la nouvelle année 2023 ? Nous laissons parler ton créateur Antoine de Saint-Exupéry avec l’extrait d’un de ses ouvrages : Terre des Hommes paru en février 1939.
Dans cette œuvre autobiographique, Saint-Exupéry évoque une série d’événements de sa vie, surtout son travail pour l’Aéropostale.
L’élément central de son récit est son accident avec son navigateur, André Prévot, dans le Sahara libyen en 1935 : les deux hommes ayant failli mourir de soif, sont sauvés in extremis par un bédouin qui les a aperçus de loin.
« Eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte, sans te connaître. Tu n’es pas nécessaire à la vie : tu es la vie. »
Saint-Exupéry y donne clairement les clés de son humanisme :
« Quant à toi qui nous sauves, Bédouin de Libye, tu t’effaceras cependant à jamais de ma mémoire. Je ne me souviendrai jamais de ton visage. Tu es l’Homme et tu m’apparais avec le visage de tous les hommes à la fois. Tu ne nous as jamais dévisagés et déjà tu nous as reconnus. Tu es le frère bien-aimé. Et, à mon tour, je te reconnaîtrai dans tous les hommes. »
Et puis, cet extrait de Terre des Hommes dont voici la teneur :
« L’avion est une machine sans doute, mais quel instrument d’analyse ! Cet instrument nous a fait découvrir le vrai visage de la terre. Les routes, en effet, durant des siècles, nous ont trompés. Nous ressemblions à cette souveraine qui désira visiter ses sujets et connaître s’ils se réjouissaient de son règne. Ses courtisans, afin de l’abuser, dressèrent sur son chemin quelques heureux décors et payèrent des figurants pour y danser. Hors du mince fil conducteur, elle n’entrevit rien de son royaume, et ne sut point qu’au large des campagnes ceux qui mouraient de faim la maudissaient.
Ainsi, cheminions-nous le long des routes sinueuses. Elles évitent les terres stériles, les rocs, les sables, elles épousent les besoins de l’homme et vont de fontaine en fontaine. Elles conduisent les campagnards de leurs granges aux terres de blé, reçoivent au seuil des étables le bétail encore endormi et le versent, dans l’aube, aux luzernes.
Elles joignent ce village à cet autre village, car de l’un à l’autre on se marie. Et si même l’une d’elles s’aventure à franchir un désert, la voilà qui fait vingt détours pour se réjouir des oasis.
Ainsi trompés par leurs inflexions comme par autant d’indulgents mensonges, ayant longé, au cours de nos voyages, tant de terres bien arrosées, tant de vergers, tant de prairies, nous avons longtemps embelli l’image de notre prison. Cette planète, nous l’avons crue humide et tendre.
Mais notre vue s’est aiguisée, et nous avons fait un progrès cruel. Avec l’avion, nous avons appris la ligne droite. A peine avons-nous décollé, nous lâchons ces chemins qui s’inclinent vers les abreuvoirs et les étables, ou serpentent de ville en ville.
Affranchis désormais des servitudes bien-aimées, délivrés du besoin des fontaines, nous mettons le cap sur nos buts lointains. Alors, seulement, du haut de nos trajectoires rectilignes, nous découvrons le soubassement essentiel, l’assise de rocs, de sable, et de sel, où la vie, quelquefois, comme un peu de mousse au creux des ruines, ici et là se hasarde à fleurir.
Nous voilà donc changés en physiciens, en biologistes, examinant ces civilisations qui ornent des fonds de vallées, et, parfois, par miracle, s’épanouissent comme des parcs là où le climat les favorise. Nous voilà donc jugeant l’homme à l’échelle cosmique, en l’observant à travers nos hublots, comme à travers des instruments d’étude. Nous voilà relisant notre histoire. »
Matthias Stomer peint la Nativité comme une réponse à l’attente de l’Humanité dans la nuit, espérance de Lumière que Marie révèle aux bergers. Rassemblés avec eux autour de la mangeoire, nous sommes invités à l’adorer et à le reconnaître comme l’unique lumière au monde.
« La Beauté du monde, c’est le sourire de tendresse du Christ pour nous nous à travers la matière. Il est réellement présent dans la beauté universelle. »
Simone Weil, la philosophe, 1909-1943
En chemin vers l’espérance…
« Montrer aux jeunes l’importance de cultiver leur personnalité, et d’être ouverts aux autres. »
« Raphaël a 18 ans lorsqu’il s’engage dans la Résistance. Le 8 janvier 1944, il est arrêté, tortué et emprisonné, avant d’être transféré au camp de Drancy. Il y croise une jeune femme, Lilaine Badour, dont il tombe amoureux. »
« Au fil des expériences, une évidence s’impose : seul le choix de la modération de nos besoins et désirs, le choix d’une sobriété libératrice et volontairement consentie, permettra de rompre avec cet ordre anthropophage appelé « mondialisation ». Ainsi pourrons-nous remettre l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations, et redonner enfin au monde légèreté et saveur. »
De très Bonnes Fêtes de Noël 2022
Une très bonne entrée dans la nouvelle année 2023.
Dominique Béranger, Chef d’établissement coordinateur
Fabienne Bournier, Chef d’établissement de l’Ecole